
Intervention d’Ueli Leuenberger, président de l’AVIVO Genève à la Conférence de presse du comité unitaire contre les Lois corsets 26 août 2025
Je m’exprime au nom de l’AVIVO, qui regroupe près de 10 000 membres à Genève. Les deux lois budgétaires, soumises au vote populaire, menacent directement notre modèle social. Derrière des titres volontairement trompeurs – évoquant la « préservation des prestations publiques » – se cache en réalité un corset budgétaire qui met en péril les services essentiels, en particulier pour nos aîné·e·s.
La déclaration, prononcée dans les rangs du PLR lors des débats, résonne encore comme un avertissement : « L’État-providence et l’assistanat à outrance, c’est terminé. » Elle révèle l’intention réelle de ces lois : affaiblir les services publics pour transférer progressivement les charges aux individus et aux communes.
Les personnes âgées seront les premières touchées. Si ces lois sont appliquées, l’accès aux soins, aux aides sociales, au logement encadré, à la protection des adultes – bref, à l’ensemble des prestations indispensables – sera compromis. Les EMS et l’IMAD , déjà sous pression, ne pourront plus adapter leurs effectifs. Les services de soins à domicile – clés pour permettre aux aîné·e·s de rester chez elles·eux – seront également menacés.
Ces lois imposent une logique purement comptable et déshumanise la question: elles limitent l’augmentation des charges à la seule croissance démographique et interdisent toute création de poste en cas de déficit budgétaire, sauf dans l’enseignement. Cette approche nie totalement la réalité du vieillissement de la population. À Genève, les plus de 65 ans représentent déjà 16 % de la population ; ils et elles seront 25 % en 2040. Pourtant, les besoins liés à l’âge ne dépendent pas uniquement de la démographie : ils évoluent aussi avec l’espérance de vie, la perte d’autonomie, la fracture numérique ou encore les maladies chroniques.
À l’AVIVO, nous sommes consternés par le manque de connaissance des réalités du terrain chez les partisans de ces lois. Nous côtoyons quotidiennement les difficultés croissantes des aîné·e·s. Sauf miracle, nous savons que l’IMAD, les HUG, les EMS ne pourront pas faire face à une demande toujours plus forte sans moyens supplémentaires.
Et ce choix budgétaire n’est même pas justifié par une situation de crise :huit des dix derniers exercices ont été bénéficiaires. Il ne s’agit donc pas d’une nécessité financière, mais d’un projet idéologique visant à réduire le rôle de l’État social.
L’AVIVO lance un appel à la population – en particulier aux retraité·e·s, mais aussi à leurs familles, à leurs enfants et petits-enfants – à ne pas se laisser berner par la propagande et à rejeter ces deux lois aux conséquences désastreuses.
Il en va non seulement de la défense des aîné·e·s de notre canton, mais aussi de la préservation d’un modèle de société solidaire, où l’État reste un garant de justice sociale et d’égalité d’accès aux prestations.
Pour conclure, je tiens à exprimer, au nom de l’AVIVO, notre satisfaction de voir que le Conseil d’État appelle également au rejet de ces lois.
ueli.leuenberger@avivo.ch tél : 079 254 16 59