Rentes anticipées
Dans le cadre des consultations de l’office social, nous sommes souvent confrontés à des questions concernant la retraite anticipée, les conditions et les conséquences relatives à ce choix. En effet, d’une manière générale, une retraite anticipée implique une baisse de revenus, une réduction des prestations de vieillesse et doit donc être mûrement réfléchie.
DANS LE CADRE DE L’ASSURANCE AVS
Il est possible de demander sa rente de vieillesse anticipée au plus tôt une ou deux années avant l’âge de la retraite légale. Il est important de souligner que la rente sera toutefois réduite à vie à cause des cotisations manquantes. La réduction opérée sur la rente AVS se monte à 6,8% par année d’anticipation (soit 13,6% pour deux années).
En cas d’anticipation de la rente, la personne est tenue de verser des cotisations AVS jusqu’à l’âge réglementaire de la retraite, sauf si son conjoint cotise et paie au moins CHF 1028.-/année (soit le double de la cotisation minimale fixée à CHF 514.- pour 2023). Ces cotisations ne serviront toutefois pas à modifier favorablement la rente AVS versée.
De plus, il est important de préciser que les rentes complémentaires pour enfants (mineurs ou jusqu’à 25 ans en cas d’études) ne sont pas versées pendant la période d’anticipation.
Tout comme la rente AVS ordinaire, la rente AVS anticipée doit être demandée à la dernière caisse où la personne a cotisé, ou à celle qui verse la rente à son conjoint, si ce dernier est déjà bénéficiaire d’une rente AVS/AI. Il est important de présenter la demande suffisamment à l’avance (de préférence 4-6 mois avant l’âge à partir duquel on souhaite percevoir sa rente, mais au plus tard le dernier jour du mois de son anniversaire), au risque que la rente ne soit servie qu’à partir de l’année suivante.
Il est par ailleurs possible de demander à la caisse AVS un calcul de rente future, anticipée ou non, qui permettra de mieux planifier sa retraite en sachant quel sera le montant de la rente escompté en fonction de la situation personnelle indiquée.
ET LES PRESTATIONS COMPLÉMENTAIRES DU SPC ?
Les prestations complémentaires à l’AVS/AI versées par le SPC peuvent également être demandées lorsque la personne bénéficie d’une rente AVS anticipée.
DANS LE CADRE DE L’ASSURANCE LPP (2ÈME PILIER)
Dans le cadre de la prévoyance professionnelle, il convient de se référer au règlement de sa caisse qui est déterminant. La plupart des règlements de caisses de prévoyance offrent la possibilité à leurs assurés de demander une rente anticipée au plus tôt cinq ans avant l’âge légal de la retraite. Là encore, la rente versée sera réduite en fonction du nombre d’années anticipées. Si la personne désire bénéficier d’une rente LPP anticipée à un âge où elle ne pourra pas encore avoir droit à une rente AVS, par exemple à 60 ans, elle va se trouver confrontée à un manque à gagner important et ne pourra pas solliciter les prestations complémentaires.
C’est pourquoi, il existe différents systèmes permettant de faire financièrement le pont jusqu’à l’AVS, systèmes financés soit par l’employeur, soit par l’employé.
Le «PLEND», rente complémentaire à la rente LPP versée par la caisse de prévoyance au maximum jusqu’à l’âge légal de la retraite, est complètement à charge de l’entreprise ou de la caisse et ne doit pas être remboursé par l’assuré. Toutefois, il est soumis à des conditions très strictes, comme par exemple la durée d’activité au sein de l’entreprise, et devient de plus en plus rare puisqu’il représente un coût important. On trouve ce système essentiellement dans les caisses de droit public.
D’autres employeurs proposent plutôt de verser, par le biais de la caisse de prévoyance, une « avance AVS » qui permettra de compléter la rente LPP jusqu’au moment de la retraite AVS réglementaire. Cependant, dans ce cas, une retenue à vie, dépendant du montant et de la durée de l’avance AVS versée, sera opérée sur la rente LPP de la personne afin de rembourser la caisse de prévoyance. Ce système paraît donc peu avantageux surtout si la personne vit encore de longues années et rembourse davantage qu’elle n’a perçu à titre d’avance AVS.
Enfin, décider de prendre une rente anticipée dans le cadre du 2ème pilier peut aussi avoir des conséquences négatives sur une future demande de prestations complémentaires, à moins que ce choix ne soit justifié par un problème médical attesté. En effet, le SPC tiendra compte dans son calcul de la rente LPP qui aurait été perçue à l’âge légal, et non de la rente réduite par l’anticipation.
En conséquence, la prise d’une retraite anticipée doit être examinée en fonction de la situation personnelle et professionnelle de chacun et nécessite une compréhension claire des enjeux. C’est pourquoi, nous vous recommandons vivement de vous renseigner afin de pouvoir effectuer un choix éclairé. Notre office social se tient bien évidemment à votre disposition.